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Un groupe de 17 personnes, composé d’artistes et de membres d’une équipe technique pluridisciplinaire, a passé quinze jours dans l’obscurité totale de la grotte de Lombrives, en Ariège. Cette expérience, conçue par l’explorateur-chercheur Christian Clot, avait pour but de repousser les limites de la créativité humaine en l’absence de tout repère temporel. Baptisé « deep time art », ce projet novateur visait à observer les effets de l’isolement temporel sur la création artistique et la dynamique sociale. Le défi était de taille : vivre sans contact avec l’extérieur, sans lumière naturelle, ni horloge, pour explorer de nouvelles dimensions de la créativité humaine.
Un dispositif né d’une précédente expérience humaine hors du temps
En 2021, Christian Clot avait déjà orchestré le projet « deep time », où 15 participants avaient passé 40 jours dans cette même grotte, isolés de tout repère temporel. L’objectif de cette première édition était d’étudier la désynchronisation des rythmes biologiques et l’adaptation sociale en l’absence de temps mesurable. Cependant, l’édition 2025 a introduit un nouveau paradigme : faire du temps non plus un simple objet d’étude, mais un véritable terrain de création. Neuf artistes, sélectionnés pour leur diversité disciplinaire, ont été invités à participer à cette expérience unique. Leur mission était de créer sans la contrainte du temps, dans un environnement où l’horloge n’avait aucune emprise.
Une synchronisation spontanée qui interroge
Malgré l’absence de repères temporels, les membres du groupe ont manifesté une synchronisation étonnement cohérente. Leurs cycles de sommeil, phases d’activité et moments de repos semblaient s’aligner sans besoin de coordination externe. Christian Clot a proposé trois hypothèses pour expliquer ce phénomène : la force d’un objectif commun axé sur la création artistique, une volonté collective de coopération, et une régulation interne facilitée par l’absence de contraintes extérieures. Ces hypothèses doivent être vérifiées par l’analyse des données physiologiques recueillies durant cette expérience. Cette cohésion inattendue soulève de nouvelles questions sur la capacité humaine à s’auto-organiser en dehors des cadres temporels conventionnels.
Créer sans repère chronologique
Sans horloge ni calendrier, les artistes ont plongé dans une dimension de création purement intuitive, libérés des contraintes habituelles de productivité. Cette absence de repères temporels a permis l’émergence d’œuvres spéciales, parfois matérielles comme des sculptures et des peintures, parfois conceptuelles ou éphémères. Les disciplines artistiques représentées incluaient la sculpture, le théâtre, la performance chorégraphique, les arts plastiques, la photographie et le jeu vidéo. Ces créations, nées dans l’environnement unique de la grotte, posent de nouvelles questions sur la nature même de l’art et la manière dont le temps influence notre processus créatif.
Logistique souterraine et vie en autonomie
L’organisation de cette expérience a nécessité une logistique rigoureuse pour garantir la sécurité et le confort des participants. Une équipe technique a acheminé plus de deux tonnes de matériel et de vivres nécessaires à la subsistance du groupe. L’espace de vie a été soigneusement aménagé pour assurer une température constante et des conditions de sécurité optimales. Le projet a été piloté par une équipe composée de logisticiens, scientifiques et artistes, chacun jouant un rôle essentiel dans la réussite de l’expérience. Cette aventure souterraine a permis de tester les limites de l’autonomie humaine dans un environnement extrême.
L’expérience « deep time art » pose de nombreuses questions sur nos perceptions du temps, de la créativité et de la collaboration humaine. Comment l’absence totale de repères temporels influence-t-elle notre manière de créer et d’interagir ? Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette expérience pour mieux comprendre notre rapport au temps et à la créativité ?
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