Un fossile rarissime de l’ère jurassique éclaire les origines complexes de la dentition chez les mammifères modernes

Les multituberculés, un groupe de mammifères primitifs, ont prospéré pendant plus de 100 millions d’années, témoignant de leur succès adaptatif exceptionnel. Ces créatures, qui ressemblaient vaguement à des rongeurs, ont longtemps intrigué les paléontologues par leur structure dentaire unique. Récemment, une découverte en Portugal a permis de mieux comprendre leur évolution. Une mâchoire inférieure bien conservée a été exhumée des roches anciennes de la formation de Freixial, révélant une nouvelle espèce, Cambelodon torreensis. Cette trouvaille éclaire non seulement l’histoire des multituberculés, mais offre également des indices précieux sur l’évolution des dents chez les mammifères, modifiant notre compréhension des mécanismes évolutifs de cette époque lointaine.

Découverte du fossile en 2021

Le continent européen, et en particulier le Portugal avec sa riche mine de charbon de Guimarota, abrite une véritable mine d’or de fossiles de multituberculés. Cependant, le parcours évolutif précis et la classification de ces créatures, notamment la famille des Pinheirodontidae, restaient un mystère. C’est dans la carrière d’Ulsa, située dans la formation de Freixial, que le Dr. Graça Ramalheiro a fait une découverte majeure en 2021. Cette carrière, datant de l’âge Tithonien supérieur, a révélé une multitude de fossiles, grands et microscopiques. C’est dans un bloc de cette formation que l’équipe a découvert une mâchoire inférieure remarquablement préservée avec des fragments d’incisives et de prémolaires intacts. Cette mâchoire appartenait à un jeune Cambelodon torreensis. Malgré d’autres fossiles trouvés dans le même bloc, cette hémimandibule reste à ce jour la seule preuve définitive de cette nouvelle espèce.

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Processus unique de formation des dents

Pour situer Cambelodon torreensis dans l’arbre généalogique des multituberculés, les dents du spécimen SHN.830 ont été comparées de manière minutieuse à celles de plus de dix espèces différentes provenant de la mine de charbon de Guimarota. Bien qu’il présente quelques similitudes avec diverses familles, aucune ne correspondait parfaitement. Cambelodon torreensis montrait une combinaison unique de caractéristiques, notamment de grands lobes triangulaires, cinq projections sur des prémolaires clés et neuf cuspides basales impressionnantes sur sa plus grande prémolaire. Cela a conduit à la confirmation de cette nouvelle espèce. Le spécimen étant un juvénile, les scientifiques ont pu étudier son schéma d’éruption dentaire. Contrairement à la plupart des mammifères modernes, certains multituberculés anciens, dont C. torreensis, présentaient un remplacement postéroantérieur, où les dents étaient remplacées de l’arrière vers l’avant, de manière désordonnée ou sautée, ce qui est exceptionnellement rare et difficile à étudier en profondeur.

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Impact sur notre compréhension évolutive

Ce modèle de remplacement dentaire non séquentiel, autrefois pensé être exclusif à la famille multituberculée des Paulchoffatiidae, a maintenant été repoussé jusqu’au Tithonien supérieur grâce à cette découverte. Ce schéma, bien que rare, indique une adaptation évolutive transitoire. Sa disparition dans les multituberculés ultérieurs suggère qu’il s’agissait d’une adaptation à court terme. Ces résultats, publiés dans le journal Papers in Palaeontology, enrichissent notre compréhension des mécanismes évolutifs et des adaptations environnementales durant la période jurassique. Cette recherche met en lumière comment des traits spécifiques peuvent apparaître et disparaître au fil des âges, façonnant ainsi le cours de l’évolution.

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Perspectives pour la recherche future

Les découvertes récentes soulignent l’importance de reconsidérer les hypothèses établies sur l’évolution des mammifères primitifs. Les chercheurs doivent désormais explorer d’autres sites potentiels pour dénicher des fossiles similaires qui pourraient offrir de nouvelles perspectives. L’étude des multituberculés et de leur évolution dentaire pourrait ainsi ouvrir la voie à une meilleure compréhension des mécanismes évolutifs à travers différentes périodes géologiques. Comment ces adaptations transitoires influencent-elles l’évolution à long terme des espèces et quelles autres surprises se cachent dans les strates rocheuses anciennes, prêtes à être découvertes ?

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