EN BREF
  • 🍦 Ben Cohen cherche à racheter Ben & Jerry’s pour renouer avec ses valeurs éthiques.
  • 🕊️ Le boycott des « territoires palestiniens occupés » a provoqué des tensions avec Unilever.
  • ⚖️ Ben & Jerry’s a engagé des poursuites judiciaires contre Unilever pour censure et intimidation.
  • 🔍 L’avenir de l’entreprise est incertain, partagé entre indépendance et intégration sous Unilever.

La tentative de Ben Cohen, cofondateur de Ben & Jerry’s, de racheter l’entreprise qu’il a contribué à créer, soulève des questions complexes sur les relations entre grandes entreprises et valeurs éthiques. Ce geste s’inscrit dans un contexte de frictions croissantes entre Ben & Jerry’s et sa maison mère, Unilever, notamment autour de questions politiques et sociales. L’histoire de Ben & Jerry’s est emblématique d’une entreprise qui n’a jamais hésité à affirmer ses convictions, même lorsque cela a suscité la controverse. Alors que Cohen cherche à reprendre les rênes, il est essentiel d’examiner les enjeux qui sous-tendent cette initiative ambitieuse.

Un rachat motivé par des divergences profondes

Ben Cohen souhaite racheter Ben & Jerry’s pour renouer avec les idéaux fondateurs de l’entreprise. Lorsque Unilever a acquis Ben & Jerry’s en 2000, l’entreprise de crème glacée était admirée pour son engagement social et environnemental. Plus de deux décennies plus tard, Cohen estime que les valeurs de Ben & Jerry’s et celles d’Unilever ont divergé de manière significative. La citation de Cohen, « En l’an 2000, Unilever nous aimait pour ce que nous étions », illustre cette évolution. Il affirme que Ben & Jerry’s a besoin de retrouver sa liberté pour poursuivre ses objectifs éthiques sans entrave. Cohen rassemble actuellement des investisseurs pour financer ce rachat, un processus qui pourrait offrir à Ben & Jerry’s l’indépendance nécessaire pour redevenir un acteur de changement social.

Le conflit avec Israël : un point de rupture

La relation entre Ben & Jerry’s et Unilever a été mise à rude épreuve par la décision de l’entreprise de cesser de vendre ses produits dans les « territoires palestiniens occupés ». Cette position a déclenché une tempête de critiques et de poursuites judiciaires, notamment dans les États américains où le boycott d’Israël est interdit. Cohen et son cofondateur Greenfield ont qualifié les accusations d’antisémitisme de « douloureuses », affirmant que leur décision était motivée par des valeurs éthiques, non par une animosité envers Israël. Cependant, cet épisode a exacerbé les tensions avec Unilever, qui a finalement conclu un accord permettant la vente des produits en Israël, malgré les objections de Ben & Jerry’s. Ce conflit illustre les défis auxquels sont confrontées les entreprises engagées socialement, lorsqu’elles opèrent dans un contexte géopolitique complexe.

Les tensions internes et leurs répercussions juridiques

Les désaccords entre Ben & Jerry’s et Unilever se sont prolongés sur le plan judiciaire. En novembre dernier, Ben & Jerry’s a intenté un procès contre Unilever, l’accusant de censure en raison de son positionnement sur des sujets sensibles comme la guerre à Gaza. Plus récemment, l’entreprise a porté plainte devant le tribunal fédéral de Manhattan, affirmant que le renvoi de son PDG Dave Stever était lié à l’activisme social de la marque. Unilever a rejeté ces accusations, mettant en avant le caractère controversé et polarisant des prises de position de Ben & Jerry’s. Cette situation illustre les conflits qui peuvent surgir lorsque des entreprises aux valeurs fortes se heurtent aux réalités des grandes structures corporatives.

L’avenir de Ben & Jerry’s : indépendance ou intégration ?

Alors qu’Unilever a exprimé son intention de se séparer de ses marques de crème glacée, elle a refusé de vendre Ben & Jerry’s en tant qu’entité autonome. Cohen considère que « Ben & Jerry’s est une entreprise qui a une âme » et souhaite préserver cette identité unique. La question de savoir si Ben & Jerry’s pourra obtenir son indépendance reste en suspens. La détermination de Cohen à réaliser ce rachat témoigne de son engagement envers les valeurs qui ont fait la renommée de Ben & Jerry’s. Cependant, les enjeux financiers, juridiques et éthiques sont nombreux et complexes.

Alors que Ben Cohen persiste dans sa quête pour racheter Ben & Jerry’s, la question reste de savoir si une entreprise peut véritablement concilier succès commercial et engagement social. Quels compromis seront nécessaires pour que Ben & Jerry’s retrouve son indépendance tout en continuant à défendre ses valeurs ?

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Gaspard Roux, journaliste passionné par l’innovation et la culture geek, apporte son regard expert à Tel-Avivre.com. Diplômé d’une école de journalisme à Marseille, il combine approche dynamique et grande curiosité pour explorer les enjeux technologiques en Israël et au-delà. Installé dans cette ville méditerranéenne pleine de contrastes, Gaspard s’attache à rendre accessibles les innovations les plus complexes, offrant à ses lecteurs des analyses claires, vivantes et éclairantes sur les grandes tendances de demain. Contact : [email protected]

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